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1994 / Assassinat André Cools: Débat-Pugilat / AGUSTA-TRIDENT: Le procès en Direct

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Message par 6clopes Ven 5 Mar - 17:31

HAQUIN,RENE, Lundi 7 février 1994

Deux nouvelles bourrasques, ce week-end encore, dans la tempête Agusta dont la force n'est pas tombée.

La première n'a duré qu'un instant. L'annonce samedi, par le journal «De Morgen», d'un cambriolage commis le 22 janvier dans la résidence secondaire de Profondeville où se trouveraient les archives politiques de Philippe Moureaux, a été aussitôt démentie par le parquet de Namur: une porte a bien été retrouvée ouverte le 22 janvier, mais aucun objet ni document n'a disparu, et il n'est pas certain qu'il y ait eu réellement tentative de vol.

La seconde, qui tourne autour du dossier des compensations liées au marché des hélicoptères, pourrait être suivie d'autres coups de vent, après le débat-pugilat de «Controverse» (RTL-TVi) autour de l'homme d'affaires liégeois Léon-François Deferm, ancien patron de Trident.

Le vice-Premier ministre Melchior Wathelet avait déjà parlé la veille de Trident, à «Samedi Première» (RTBF), déclarant que son doute principal à l'époque, dans le dossier des compensations, était lié à la présence de cette société et à ses capacités techniques.

Sur le dossier Agusta, Melchior Wathelet a aussi précisé: En termes de compensations, nous avons été plus exigeants que dans d'autres dossiers. Ajoutant qu'en termes d'investissements, la société Agusta est largement en défaut, et qu'en termes de compensations, le pourcentage atteint est aujourd'hui supérieur à celui obtenu dans d'autres dossiers. Quant aux garanties bancaires exigées, Melchior Wathelet a dit qu'il ne les libérera pas tant que tous les investissements et tous les engagements ne seront pas respectés.

Au débat de RTL-TVi, le journaliste J.F. Deliège avait un ton de procureur. Trident. Un dossier long et complexe! a-t-il lancé, accusant Deferm d'avoir eu une part de compensations. Non. Un dossier très simple, a répondu, sans perdre son flegme, l'homme aujourd'hui retiré des affaires et domicilié à Monaco. Pas un franc de fonds publics n'a été versé à Trident.

Deferm répondait aussi de trois autres «accusations».

La moto rouge de l'assassin présumé d'André Cools est-elle la sienne? Deferm est-il lié à l'assassinat comme le dit Van Rossem? Je subis une véritable désinformation. Depuis deux ans, j'ai envoyé quatorze lettres à la juge Ancia. Elle ne m'a pas encore reçu. Sans rancune, puisqu'il lui a même fait porter des fleurs pour la Sainte-Véronique, vendredi.

Arrosait-il Guy Mathot, comme le prétend Georges Viatour? Ce ne sont que des ragots d'un homme que nous avons licencié de Trident en mai 1989 pour faute grave, répond Deferm.

Quant aux deux millions payés par Deferm à André Cools en décembre 1989, remis à Demolin (alors secrétaire du PS liégeois) pour être placés, Deferm les conteste, répétant qu'il ne peut prouver quelque chose qu'il n'a pas fait.

Un procès, sans instruction ni conclusion.

R. Hq.


Dernière édition par 6clopes le Sam 6 Mar - 14:57, édité 1 fois

6clopes

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1994 / Assassinat André Cools: Débat-Pugilat / AGUSTA-TRIDENT: Le procès en Direct Empty 1993 / Le dossier Cools dans la nébuleuse

Message par 6clopes Sam 6 Mar - 14:56

1 AN APRES LES REVELATIONS
DOSSIER COOLS DANS LA NEBULEUSE
L'ENQUETE: CHRONOLOGIE DES DOSSIERS QUI TRAINENT
DENONCIATION & RUMEUR

HAQUIN,RENE, Samedi 12 juin 1993
Un an après les «révélations»

LE DOSSIER COOLS DANS LA NÉBULEUSE

Près de quarante et un ans après l'assassinat du député-échevin de Seraing Julien Lahaut, président du parti communiste, abattu le 18 août 1950 au soir par un inconnu que des historiens flamands disent aujourd'hui avoir identifié (un certain Adolphe, décédé en 1971), André Cools, député-bourgmestre de Flémalle et ancien président du parti socialiste, tombait sous les balles d'un autre inconnu à Cointe, le 18 juillet 1991 au matin.

On ne sait toujours pas avec certitude aujourd'hui si Julien Lahaut a payé de sa vie le «Vive la république!» qu'il venait de lancer à la Chambre, ni si la mort d'André Cools doit être mise en relation avec une confidence faite au début de cet été 1991, quand il annonça qu'il se préparait à faire éclater un scandale à la rentrée. Deux assassinats politiques que la Justice n'a pas élucidés, et qui s'inscrivent dans une liste trop longue de dossiers judiciaires sur lesquelles les enquêtes n'ont pas conclu.

Où en est-on aujourd'hui dans le dossier Cools? Ceux qui répondent Nulle part ont à la fois tort - des pistes comme celles qui touchent au financement du parti, au versement d'éventuelles commissions secrètes liées à des marchés d'armement, peut-être à l'achat des hélicoptères Agusta font toujours l'objet d'investigations -, et à la fois raison, puisque l'enquête semble toujours bien loin d'établir un rapport entre l'assassinat et l'un ou l'autre des autres dossiers à l'instruction chez le juge Véronique Ancia.

Que reste-t-il aujourd'hui de la piste ouverte avec fracas il y a un an par André Rogge, le détective privé qui rapporta les confidences du truand Italien Carlo Todarello, un homme qui se disait tenaillé par le remords?

Il m'a indiqué son rôle exact dans l'organisation de l'assassinat d'André Cools. Il m'a dit avoir été contacté par Richard Taxquet (secrétaire d'Alain Van der Biest, qui succéda à André Cools comme ministre des Pensions puis ministre régional des Affaires intérieures). Il y a eu des repérages, notamment avec une moto rouge. L'homme à la moto rouge, c'est Pino Di Mauro (ancien chauffeur au cabinet Van der Biest). Des gens ont été recrutés à l'étranger pour commettre l'assassinat. Ces personnes ont reçu 750.000 F des mains de celui qui est venu se confier à moi. Cette somme lui avait été remise par Richard Taxquet en billets de cinq mille. Deux tueurs ont été engagés, payés et évacués. Peu de temps après l'assassinat, en septembre 1991, des titres volés apparaissaient dans les mains de Pino Di Mauro. Alain Van der Biest serait intervenu personnellement dans la préparation de l'assassinat. Quelques semaines avant la mort d'André Cools, ils (l'Italien auteur des révélations et Alain Van der Biest) se sont rencontrés dans un bistrot de la région liégeoise. Il fallait rassurer Van der Biest et lui démontrer que le projet allait se réaliser. Il s'impatientait parce que cela durait trop longtemps.

Deux jours avant ces révélations, le juge d'instruction de Neufchâteau avait arrêté Richard Taxquet, inculpé dans le dossier des titres volés. Le chauffeur Pino Di Mauro était, lui, arrêté depuis quatre mois. Et la veille des révélations du détective Rogge, Alain Van der Biest, ayant appris l'arrestation de son secrétaire et sentant le vent mauvais, déclarait à des confrères:

Je suis abasourdi. J'ai peine à croire que Pino Di Mauro et Richard Taxquet soient ce que l'on dit. Pourquoi a-t-on interrogé l'an dernier déjà M. Taxquet, qui d'ailleurs a été vite blanchi, au sujet du meurtre d'André Cools? Uniquement sur base de dénionciations anonymes dont la jalousie semblait être le moteur évident. Moi-même j'avais été mis en cause pour des sornettes dans ces lettres anonymes. J'ai eu personnellement Richard Taxquet au téléphone à l'heure de l'assassinat. A 7 h 30. Je suis formel: il était à son domicile. Comment voulez-vous qu'il ait pu être à Cointe, à des kilomètres? Et d'ailleurs, il a été confronté en vain à Marie-Hélène Joiret. Alors, pourquoi insiste-t-on encore aujourd'hui là-dessus?

Puis, suffoqué par les révélations de Rogge faites à la télé et publiées par «De Morgen», Alain Van der Biest réagissait:

Cela relève de la pure fantaisie. Je vais porter plainte pour imputation calomnieuse. Je n'ai jamais assisté à aucune réunion. Je suis absolument formel.

Mais dans les milieux de l'enquête, tous n'étaient pas de cet avis. A la demande du parquet général de Liège, la Chambre leva partiellement son immunité, début juillet. Malgré tout très troublé, Alain Van der Biest exprima un doute, fin juillet, au sujet du coup de téléphone du matin de l'assassinat, qui assurait un alibi béton à son secrétaire Richard Taxquet.

Et voici que sept mois plus tard, à la fin janvier dernier, après avoir rencontré Richard Taxquet, l'Italien Carlo Todarello rétractait ses premières accusations et prenait cette fois pour nouvelle cible le fils politique d'André Cools, le ministre Philippe Moureaux. Mais alors, à l'inverse de l'histoire du loup et de l'agneau, plus personne ne le crut. Alain Van der Biest, marqué mais aussi régénéré par l'épreuve qu'il qualifia de lynchage médiatique, venait de faire sa rentrée, à la télé et au Parlement, et préparait avec deux journalistes un livre sorti peu après l'hospitalisation du député, victime de graves blessures encourues dans des circonstances que l'enquête n'a toujours pas éclaircies aujourd'hui. La nébuleuse...

Il y a un an, des médias relayaient les effarantes «révélations» d'un Italien qui accusait l'ancien ministre Van der Biest et deux collaborateurs d'avoir organisé l'assassinat d'André Cools. Rapportées par le détective privé Rogge, elles troublèrent autant les enquêteurs liégeois qu'une opinion restée pourtant assez sceptique. Puis, en les rétractant, l'Italien se chargea de se discréditer.

L'enquête: chronologie de quelques scoops et canards

Mieux qu'une chronique, la chronologie des nombreux rebondissements du dossier Cools et des enquêtes périphériques montre combien les pistes à suivre furent multiples, semées d'épouvantails et d'embûches.

1991 - 18 juillet. André Cools assassiné, M-H. Joiret blessée par des balles de 7,65 mm autrichiennes vendues en 1986 en Allemagne.

21 juillet. Premières lettres de dénonciation. L'une signale le tueur près de Tongres. Une autre, dans un hôtel de Liège.

26 juillet. Instruction judiciaire ouverte sur la gestion au cabinet de la Région wallone, sous Van der Biest. Un infirmier de Seraing dénoncé puis mis hors cause dans l'affaire Cools. Une lettre désigne aussi Taxquet comme le tueur.

3 août. Le Britannique Cowley dit avoir parlé à Cools, peu avant sa mort, de commissions versées en Belgique dans des marchés d'armement. On parle aussi d'un auto-stoppeur vu après l'assassinat, puis d'un jeune d'extrême droite.

9 octobre. Recherches infructueuses chez 12O propriétaires de motos.

21 novembre. Van der Biest, entendu par le juge Ancia, fait état d'un système de financement du PS mis en place par André Cools.

26 novembre. Première arrestation à Neufchâteau dans l'enquête sur les titres volés.

1992 - Janvier et février. Parmi les inculpés arrêtés à Neufchâteau, dans le dossier des titres, l'Italien Todarello et le chauffeur Di Mauro.

10 juin. Taxquet arrêté à Neufchâteau.

12 juin. Van der Biest mis en cause par Todarello dans l'assassinat, avec Taxquet et Di Mauro.

19 juin. Le procureur général synchronise les recherches entre Liège et Neufchâteau.

31 juin. Todarello, retour de Milan, est réarrêté à Neufchâteau dans l'affaire des titres.

2 juillet. Van der Biest: immunité levée en partie.

14 juillet. Le juge Ancia ouvre un dossier «finances du PS», perquisitionne à la fédération liégeoise et chez le député Léonard à Flémalle.

21 juillet. Un témoin dit avoir un dossier sur un trafic de drogue auquel sont mêlés des politiques. On n'en entendra plus parler.

23 juillet. Perquisitions à Bruxelles dans les milieux albanais et turcs. Quatre arrestations dans l'affaire des titres.

11 août. Todarello et un autre Italien libérés dans le dossier des titres.

19 août. Le parquet général de Liège s'oppose aux perquisitions du juge Ancia.

27 août. Liège annule les perquisitions. Spitaels, apprenant par la radio que son nom est cité, annule son voyage au Japon.

30 septembre. La Cour de cassation annule l'arrêt de Liège et confirme la régularité des perquisitions.

15 octobre. Levée complète de l'immunité de Van der Biest.

20 octobre. Mise à l'instruction du dossier de l'eau et de la régularité du contrat entre la Région et le «Centre d'excellence» de Gabriel Uhoda.

22 octobre. Van der Biest inculpé à Neufchâteau dans l'affaire des titres. Pas d'arrestation.

17 novembre. Pino Di Mauro libéré.

23 novembre. Richard Taxquet libéré.

13 décembre. Rentrée télévisée de Van der Biest.

1993 - 15 janvier. Perquisition chez Agusta à Zaventem.

20 janvier. Le juge Véronique Ancia est élue femme de l'année 1992.

28 janvier. Carlo Todarello se rétracte et change ses «révélations».

18 février. Mise à l'instruction du dossier Agusta; inculpation du lobbyman d'Agusta, Georges Cywie, pour corruption active.

21 février. Commission rogatoire en Italie.

11 mars. Van der Biest hospitalisé. Il a été blessé le 9 mars dans des circonstances qui ne seront pas éclaircies. À Bruxelles, le député Van Rossem met en cause Guy Mathot et l'homme d'affaires Deferm dans les pots-de-vin. Il implique aussi le Mossad dans l'assassinat de Cools.

20 mars. Le juge Ancia entend à Liège le juge italien Palermo.

10 avril. La RTBF diffuse un fax d'Agusta-Bruxelles sur le versement de commissions, dans lequel Guy Mathot est cité.

15 avril. Guy Mathot dément toute participation.

19 avril. Le juge Ancia repart pour l'Italie et y entend l'ancien Premier ministre Bettino Craxi.

21 avril. Deferm réfute les allégations de Van Rossem et dépose plainte.

Juin. L'instruction judiciaire sur la gestion au cabinet Van der Biest se termine.

À suivre...

Des dossiers qui traînent, qu'on referme, qu'on oublie

Qu'il s'agisse de scandales financiers, de fraudes, d'actes criminels, de nombreuses affaires qui défrayent la chronique s'éteignent ensuite et parfois s'oublient, soit parce que les enquêtes se sont essoufflées et n'ont pas abouti, soit sans qu'on en sache la raison.

On est passé du déballage des pots-de-vin de l'affaire Eurosystem en Arabie Saoudite à la fin des années septante, à l'affaire Pinon et autres affaires de moeurs, au début des années quatre-vingt. On se souvient en 1981 des attentats et du vol d'armes à la gendarmerie, toujours non élucidés, des vols d'or de 1982, avec la disparition d'un policier de la Sabena, et bien sûr des années noires des tueries du Brabant.

Qu'en est-il aujourd'hui de l'enquête sur le vol d'armes de 1984 à Vielsalm, qui faillit coûter la vie à l'adjudant de garde à la caserne? Que devient le dossier des obus de Jersey (1986), qui valut à l'ancien chef de cabinet du ministre Vreven d'être inculpé et incarcéré? Les enquêtes sur plusieurs attentats terroristes n'ont pas abouti: on se souvient de l'attentat contre le Grand Orient de Belgique, en 1986, et plus récemment des attentats sur les campus de l'ULB (le 6 décembre 1988 et le 1er décembre 1989) et sur celui de l'UCL à Woluwe (février 1990).

Dix ans après, l'enquête sur le meurtre de Paul Cams, qui se dirigea d'abord vers sa compagne, pourrait se réveiller, depuis qu'on a appris le récent assassinat, en Espagne, de celui qui a ensuite partagé la vie de cette femme. Tout semble indiquer que les enquêtes n'ont guère progressé depuis l'assassinat du professeur Wybran exécuté en octobre 1989 sur le parking de l'hôpital Erasme, depuis l'assassinat à Uccle du père du supercanon, l'ingénieur Gerald Bull, en mars 1990 et l'assassinat, au début de cette année, du général italien d'aviation Roberto Boemio, poignardé en janvier à Ixelles.

Le dossier Ibramco d'implantation pétrolière fit tomber le gouvernement Leburton mais on n'a jamais levé le voile sur les contrats de Distrigaz. Enterrera-t-on la scandaleuse affaire Kirschen, malgré l'appel interjeté par le parquet? Que devient le dossier de l'asbl Inusop ouvert en septembre 1989? Quelles sont les suites judiciaires dans l'affaire des laboratoires de Biorim, qui éclata en novembre 1989?

D'autres enquêtes qui touchent au financement des partis ne semblent pas plus avoir progressé. A-t-on refermé le dossier fiscal de 1988 sur le centre d'études libérales Paul Hymans? Que devient le dossier de 1981 sur les fraudes découvertes dans les finances du CVP? Mystères.

Entretien au sujet de la dénonciation et de la rumeur

Dès juillet 1991, au lendemain de l'assassinat d'André Cools, les dénonciations se sont accumulées sur les bureaux des enquêteurs. On a fait état, depuis, de multiples vrais ou faux rebondissements qui, pour la plupart, n'ont guère eu de lendemains. L'un des «canards» les plus affligeants date de juillet 1992, quand un journal a annoncé l'arrestation en Pologne de l'auteur possible de l'assassinat, un certain Bachur, qui s'accusait de divers meurtres en Europe commis avec une arme de même calibre que celle de l'assassinat d'André Cools. L'information fut aussitôt démentie: les vérifications avaient été faites à Liège et s'étaient avérées négatives.

Un peu plus tard, en marge du dossier Cools, il fut question d'une réouverture du dossier de l'escroquerie au rachat de la raffinerie de Feluy, une info aussitôt démentie. Plus personne ne fait aujourd'hui le rapprochement entre la mort d'André Cools et le dossier des déchets fantômes qu'on a cherchés mais pas trouvés, sur le site du Val Saint-Lambert à Seraing.

L'enquête judiciaire, que certains disaient même influencée par le tout-puissant parti socialiste ou l'une ou l'autre loge maçonnique, se déroule dans un climat difficile.

Pas facile de faire, au jour le jour, le tri entre le vrai et le faux. De mesurer le bien ou le mal-fondé des «révélations» d'un Carlo Todarello ou des déductions d'un Jean-Pierre Van Rossem, à l'aune des mobiles ou des intérêts qui poussent ceux qui dénoncent, et à l'aune du principe de la présomption d'innocence.

Pas facile de repérer les bulles d'un jour qui gonflent et éclatent au matin suivant, puis s'oublient en ne laissant plus dans l'opinion qu'un sentiment trouble qui peu à peu décrédibilise les médias et leurs informations.

La mort de Bérégovoy a rappelé à tous que la rumeur peut aussi tuer. Sur un mode mineur, un exemple récent. Trois coups de téléphone, puis une lettre anonyme, pour annoncer l'arrestation en Suisse d'un de nos parlementaires. Dans sa lettre, un «contribuable momentanément anonyme» nous demande pourquoi son député bourgmestre ne roule plus dans sa BMW. Est-ce, poursuit le contribuable anonyme, parce qu'il a réellement reçu des menaces de mort ou, comme le bruit court, parce qu'il aurait été interpellé à la frontière suisse avec ce que l'on peut imaginer?

Entretien avec celui qui est mis en cause, le député Jean-Pierre Detremmerie, bourgmestre de Mouscron. Il est au courant:

C'est vrai, il se dit en effet que j'ai été interpellé à la frontière suisse avec, dans ma voiture, quelques millions. Véhicule saisi. Mais déjà, selon les versions, les sommes ont varié. Je transportais de un à cent millions, selon les uns ou les autres. La vérité, c'est que j'avais eu un incident technique en voiture, à Lille. J'avais laissé mon véhicule au garage et j'ai roulé pendant quelques semaines dans une voiture de remplacement.

La rumeur, la dénonciation, c'est, dit-il, un moindre mal qu'on paie à la démocratie:

Il y en a régulièrement. Je trouve même qu'elles s'améliorent, en devenant de plus en plus incontrôlables. Au début, il y a dix ans, on essayait de me mêler à n'importe quoi. On m'a désigné comme complice d'un agent en douanes installé au «Risquons Tout», qui était soupçonné de fraude fiscale. Puis, on me soupçonnait d'avoir cédé la clé de l'abattoir communal à un chevillard dont l'atelier avait subi un contrôle. La rumeur se colportait. Je me demandais comment, pourquoi. J'en voulais un peu aux journalistes locaux, qui me donnaient l'impression de l'amplifier. Puis, j'ai pensé que, mises en difficulté, certaines personnes pouvaient parfois aussi tenter de se protéger derrière un responsable politique.

Des rumeurs se sont répandues plus fréquemment, surtout en période électorale. Cela passait par les pots-de-vin, les gains d'argent facile, l'enrichissement rapide. Ça allait jusqu'à toucher ma vie privée. Autrefois, quand on disait que j'avais encore acheté une villa, c'était à Mouscron. Ici, la rumeur se démontait assez vite. Aujourd'hui, on dit que je construis plutôt à l'extérieur, dans la région bruxelloise, à Ixelles ou à Laeken. Certains affirment même avoir vu mes villas.

L'ancien professeur de langues devenu député-bourgmestre aurait-il une tête à attirer les rumeurs?

Peut-être, admet-il. Certains hommes politiques sont sans doute plus diplomates, plus discrets, peut-être parfois plus hypocrites. J'ai un tempérament un peu brutal. Je n'ai qu'un discours. Et puis, la rumeur circule plus facilement dans une petite ville assez familière. Mais quand elle touche la famille, la vie privée, elle fait plus mal. Moi, ça ne me dérangerait pas de mettre mes revenus sur la table. J'ai la fierté d'affirmer que la politique ne m'a pas enrichi. Certes, je gagnais moins avant, mais je dépensais aussi beaucoup moins. Je pense que le meilleur moyen de démonter la rumeur, c'est d'avoir le courage d'en parler, d'informer.

Dans la ville, il est d'autres rumeurs qui ne le visent pas toujours personnellement, mais qu'il faut aussi gérer. L'an dernier, lorsqu'un jeune tueur fou a sévi dans Mouscron, la rumeur amplifiait. On signalait des tués partout:

Les rumeurs, ici, naissaient d'un manque d'information. La presse, en informant, a joué un rôle important pour les désarmer et éviter la psychose.

L'information contre la rumeur.

Que reste-t-il aujourd'hui des «révélations» faites il y a un an par l'Italien Carlo Todarello sur Van der Biest et l'affaire Cools?

Un confrère écrivait récemment: Todarello n'est plus crédible. L'a-t-il été un jour? En tout cas, pendant sept mois et demi, la «cellule Cools» aura couru après du vent. Qui a commandité ce «repenti providentiel? Il ajoutait, au sujet de Jean-Pierre Van Rossem: On peut imaginer qu'il ait voulu régler des comptes.

Début juillet 1992, peu après la première levée de l'immunité parlementaire d'Alain Van der Biest, nous nous posions aussi la question: Repenti ou manipulateur?

On n'a pas la réponse.

Plus personne aujourd'hui n'accuse personne. L'enquête dirigée par le juge Ancia paraît avoir désormais abandonné le terrain des premières révélations, n'avoir guère cherché à comprendre le mobile des rétractations de janvier dernier, pour prendre dans son collimateur le dossier, il est vrai plus concret, des éventuelles commissions liées au marché des hélicoptères Agusta, dont il n'est toujours pas établi aujourd'hui qu'elles aient réellement existé, ni, par voie de conséquence, que ce dossier ait pour l'heure, de près ou de loin, un rapport avec la mort d'André Cools.

6clopes

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